Les retrouvailles entre public et joueurs ont été la seule note positive au Stade Djibril Diagne. Le retour des supporters après plus d’un an de crise sanitaire liée au Covid-19 n’a pas eu l’effet escompté de ce test dimanche 11 avril 2021. La partie entre les deux équipes Académie Génération foot (AGF) et Ndiambour FC s’est terminée par un match nul et vierge. Toutefois, Déni Biram Ndao et ses supporters espèrent mettre la pression sur ses devanciers : Tenguedj FC et Douanes au cours des prochaines journées.
A la limite des régions de Dakar et de Thiès, la localité de Déni Biram Ndao abrite le centre de formation Génération foot depuis 2000. Ce village Lébou résiste tant bien que mal à la modernisation et aux sirènes du tourisme par la culture maraîchère et la pêche artisanale. Dans cette contrée, tous les esprits et les cœurs des habitants vibrent au rythme des succès et des défaites du club fanion de Dénie Birame Ndao : Génération Foot. Les « Grenats » version locale ont repositionné cette petite localité sur la carte footballistique sénégalaise.
Ses courtes dreadlocks dissimulent ses tempes et joues sombres, laissant apparaître un visage souriant. Ngoma Mbaye, le percussionniste du club Génération foot assis dans son salon de couture revient sur les liens forts qui unissent désormais la formation et la cité léboue. «On les a adoptés comme des membres à part entière de la communauté de Déni Birame Ndao. Ils (les managers) contribuent au développement de cette bourgade. Beaucoup de gens, y compris moi, ont trouvé du boulot ou gagnent des prestations grâce à eux », déclare-t-il.
Les acquiescements et les onomatopées de ses camarades semblent validés ces propos. « C’est évident que ce club a métamorphosé notre quotidien, mais on attend plus des responsables. On aimerait qu’il intègre plus de jeunes de la localité. Actuellement, seul Khalifa Sarr est le joueur de Déni pensionnaire du centre. C’est dommage ! », se désole-t-il avant de poursuivre que la localité regorge de jeunes pétris de talents capables de faire rayonner le nom de AGF aux quatre coins du monde.
D’une allure très imposante et très athlétique Thiébo Gaye joue actuellement à COSEC, un club sis à Guédiawaye dans la banlieue dakaroise. Originaire de Déni Biram Ndao, ce footballeur professionnel dit ne pas comprendre les critères de sélection pour intégrer AGF. « J’ai tenté à trois reprises de rejoindre l’académie, sans succès. Et je ne suis pas le seul. De nombreux footballeurs riverains ont vécu le même sort», lance-t-il d’un air taquin. Pour autant, il reste attaché à Génération Foot qu’il considère comme son club de cœur. Ce jeune talent est aujourd’hui persuadé que l’avenir peut se faire avec les enfants du village. « On est conscient que AGF est arrivé à internationaliser Déni Biram Ndao. Et on aimerait juste faire partie de ces témoins de l’histoire pour écrire les belles pages de ce saga footballistique», souligne Thiébo Gaye
Pour sa part, Mourtala Gueye, président du comité des supporters pense autrement. D’après lui, les responsabilités sociétales et environnementales ne peuvent pas interférer sur les exigences sportives. A l’en croire, le club a pour mission de former et de faire des résultats nationaux et internationaux. «Ses portes sont ouvertes à tous les Sénégalais sans aucune discrimination », renchérit-il. Pour autant, il comprend le sentiment de ses voisins qui tirent sur la fibre d’appartenance. « Ils aimeraient voir plus de joueurs du cru dans toutes les catégories, mais les compétences prévalent sur l’ancrage local », tranche-t-il avec lucidité.
Un aveu de taille qu’il partage avec les dirigeants de l’académie. Le mérite doit être le seul baromètre pour intégrer les rangs de ce prestigieux centre, confirme Babacar Mbengue, responsable à l’AGF. « Ces perceptions ne peuvent pas saper notre attente ni entacher les bonnes œuvres de Mady Touré, président de AGF », déclare Monsieur Mbengue. Les dirigeants du club estiment aussi que l’aura et les succès du ballon rond suscitent parfois des passions et ambitions démesurées. Ce qui incite certains à méjuger les critères rigoureux de sélection.
A priori, ce qui est indéniable, c’est la volonté et les actions de l’AGF. Au moins plus de cinquante travailleurs issus de la localité : chauffeurs, ouvriers, serveurs, techniciens de surface gagnent leur vie grâce à la Génération Foot depuis plusieurs années. « De nouveaux contrats sont signés tous les ans et une grande partie des employés viennent de Déni ou des zones environnantes », confie Mourtala Gueye qui lui-même est recruté comme informaticien au poste de santé.
Au total, sur une dizaine d’agents travaillant dans la structure sanitaire, ils sont quatre sous la responsabilité de l’AGF. Une vraie bouffée d’oxygène pour les autorités médicales qui peinaient à respecter leurs engagements vis-à-vis du personnel et à faire face aux défis sanitaires de la localité. D’après Vital Sambou, infirmier chef de poste depuis 1998, Mady Touré a non seulement réhabilité le centre en 2014 et renforcé l’équipe, mais il continue de financer annuellement le poste et de l’approvisionner en médicaments. Poursuivant, Monsieur Sambou affirme que sans la contribution de l’AGF, le poste de santé aurait fermé depuis 2014. « Mady est un mécène qui ne lésine pas sur les moyens. Aussi bien sur la santé que sur l’éducation, il appuie les couches vulnérables et les Daaras (Ndlr : écoles coraniques) », a confié en définitive l’infirmier chef de poste de Déni Biram Ndao.
Amadou Camara GUEYE avec Mababa Sports Magazine (Rubrique Découverte)
