
Projeté sur le devant de l’arène après quelques coups d’éclats, Boy Niang 2 peine encore à intégrer le cercle très restreint des VIP. Sa dernière défaite face à Tapha Tine donne l’occasion à certains spécialistes de mettre à nu ses limites.
Une attente qui commence à s’éterniser. Après sa victoire spectaculaire sur Sa Thiès, le 11 mars 2018 au stade Léopold Sédar Senghor, Boy Niang 2 avait vu sa côte monter en flèche. Fort de cet exploit, le Pikinois s’était logiquement fait une place dans la cour des grands. Mais trois ans plus tard et deux revers successifs essuyés face à Lac de Guiers 2 et Tapha Tine, deux ténors de l’arène, le fils de De Gaulle peine à franchir la dernière marche qui mène au salon des VIP. Son manque de génie et de stratégie face au «Géant du Baol», dimanche dernier à l’Arène nationale, l’ont encore fragilisé. Constamment sur la défensive face aux coups de poings du chef de file de Baol Mbollo, il a écopé de cinq avertissements, synonymes de défaite. Loin de ses coups de maître réussis devant Sa Thiès, Baye Mandione, Gouye-Gui et Garga Mbossé, il ne parvient plus à convaincre.
Dans la tempête après son revers de dimanche, son père est monté au créneau pour souligner ses failles : «Tous ceux qui connaissent la lutte savent que face à un poids lourd, il faut évoluer avec stratégie. Mais il a fait du n’importe quoi.»
«Il est très limité»
Pourtant, Boy Niang 2 s’est forgé une réputation de lutteur rusé et bon en contre-attaque. Rompu à sa stratégie très défensive, il fait aussi montre de manque de créativité. Entraîneur adjoint de l’Equipe nationale du Sénégal de lutte simple, Baffa Guèye est sans équivoque : «Il veut juste bruler les étapes. Mais il doit se ressaisir et comprendre qu’il lui reste beaucoup à faire. Il doit ramper.» «Techniquement très limité et incapable de déjouer les plans de Tapha Tine», il n’a pas «les qualités requises pour affronter des lutteurs comme Balla Gaye 2». Par ailleurs, professeur d’Éducation physique et sportive (Eps) au Lycée de Bassoul (Fatick), Baffa Guèye ne se montre guère tendre avec le Pikinois : «Il peine à montrer ce que les gens attendent de lui. Il a toujours été décrit comme un fin lutteur. Contre Tapha Tine, il ne pouvait faire autre chose que de simuler, parce qu’il avait fini de montrer ses limites. S’il veut se faire une place chez les VIP, il est obligé de renouveler sa stratégie et essayer de s’améliorer techniquement. Sa stratégie ne pourra pas payer devant des lutteurs de la trempe de Balla Gaye. Cette façon de lutter ne passe pas. S’il veut faire carrière, il doit retourner à l’école et surtout changer de stratégie.»
«Il n’a pas une panoplie technique»
Dans la même veine, Omez Diagne liste ses limites. «Depuis ses débuts dans l’arène, il cherche de fausses pistes à ses adversaires. Sur tous ses combats gagnés, c’est la même stratégie. Contre Sa Thiès, ce dernier a fait preuve de nervosité et de manque de respect. Par contre, sur ses défaites contre Amanekh et Zoss, ses adversaires l’ont bien étudié. Lors de son dernier combat, il ne devait pas se mettre sur le côté médian de Tapha Tine», analyse le Directeur technique régional de Dakar. L’ancien entraîneur du Géant du Baol l’affirme, le fils de De Gaulle doit radicalement changer pour évoluer dans l’arène. «Dans la cour des grands, il a échoué, en deux tentatives. Même contre Amanekh, il s’est retrouvé avec une victoire inattendue. Un lutteur doit avoir une panoplie technique. Certes, il a un concept qui lui est propre, mais il doit changer par rapport aux principes demandés. Un grand lutteur qui a préparé un combat pendant près de 2 ans et voyagé à l’étranger ne peut pas se permettre d’écoper de cinq avertissements en 15 minutes. Il n’a pas été endurant et résistant», estime Omez Diagne, invitant le lutteur de Pikine à revenir en arrière pour tester ses capacités face à Sa Thiès, Reug Reug, Yékini Jr, Papa Sow et d’autres lutteurs de cette génération. Reste à savoir si l’ancien candidat au Baccalauréat acceptera de retourner en classe inférieure pour se préparer à un autre examen et enfin réussir à passer la dernière marche qui mène chez les VIP.