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CombatLutte Sénégalaise

DOUBLE LESS ET SES FILS BALLA GAYE 2, SA THIES: Même gênes, même aura, trajectoires différentes

L’héritage de Mamadou Sakho dit « Double Less » est assuré et perpétré par ses fils Balla Gaye 2 et Sa thiès. Les « Sakhofils » ont les mêmes gènes, la même aura que leur papa, mais avec des trajectoires différentes. Des spécialistes de la lutte sénégalaise, témoins des deux générations, restent convaincus que Oumar et Salif n’égaleront jamais leur père en palmarès. Suite au décès, dimanche dernier, de celui qui fût appelé durant ses années de gloire le seigneur des arènes, Mababa Sports lui rend hommage à travers cet article publié en 2017.

«Croc en jambe, balayage de jambes, arrachée en percussion, projection, hanchée, souplesse, décalage ». Ces différentes techniques de lutte, la famille « Sakho » en use et en abuse. Ces prises sont dans les gènes de Mamadou Sakho (Double Less) et de ses fils Oumar (Balla Gaye 2) et Salif (Sa Thiès). Ce n’est pas du tout étonnant pour une famille qui s’est constituée à la base avec les retombées du sport national. « J’ai été baptisé avec l’argent de la lutte », dixit souvent Balla Gaye 2. Mieux, son papa révèle avoir épousé leur maman grâce aux pécules amassées durant sa carrière. De père en fils, cette famille continue de faire vibrer des générations d’amateurs et de fans.

Double Less, jeune lutteur

Mamadou Sakho « Double Less » a régné entre 1972 et 1989. Il s’est bâti un somptueux palmarès dans l’arène sénégalaise en terrassant tous les ténors de son époque. Après son premier combat contre Doudou Baka Sarr, qui s’était soldé par un match nul, le lutteur venu de Malifara dans la région de Sédhiou, a fait le vide autour de lui en terrassant des champions de renom comme Ibou Senghor, Pape Kane (deux victoires), Toubabou Dior, Mousa Diamé, Mame Gorgui Ndiaye, Samba Diaw…

L’animateur sportif et spécialiste de lutte, Ngagne Diagne de révéler qu’il a été le seul lutteur à être appelé « Empereur des arènes ». L’histoire retient également son face-à-face épique et sans verdict en 1974, avec Mbaye Guèye, le premier « tigre de Fass ». Sa témérité et son audace ont marqué les esprits lors de ce combat. « Pour affronter Mbaye Gueye, il a dû à l’époque quitter l’écurie Fass à laquelle il appartenait pour battre le battre dans un premier temps avant la revanche épique dont le verdict est toujours attendu comme l’a si bien rappelé Youssou Ndour dans une de ces chansons. »

L’animateur de la radio RFM, Ngagne Diagne de rappeler que quand Double Less est venu à Dakar, il est allé vivre chez Mbaye Guèye. D’ailleurs, il était très ami avec un des frères du premier tigre de Fass du nom de Ndongo. « La maman de Mbaye Gueye le considérait comme son fils. Des vieux de Fass comme Doudou Diagne l’ont récupéré et encadré dans la lutte avec frappe. »

LA RELEVE DES FILS

Balla Gaye 2, l’ancien roi des arènes sénégalaises

Son fils Balla Gaye a également atteint les cieux du sport national en occupant pendant deux ans le trône du « Roi des arènes sénégalaises » après avoir déchu Yahya Diop Yékini en avril 2012. Il a assuré la relève avec brio en survolant le Championnat de lutte avec frappe (CLAF). En 12 ans de carrière, il a livré 24 combats pour 20 victoires, contre quatre défaites. Issa Pouye ; Bombardier et Eumeu Sène (2 fois) ont été les tombeurs du Lion de Guédiawaye. Peinant à se relancer, son petit frère Salif Sakho connu sous le nom de Sa Thiès est apparu avec plus de fougue et de pugnacité. Aujourd’hui, les espoirs de la famille reposent sur lui. En 14 combats, il a obtenu 13 victoires et une défaite qui lui a été infligée par le pensionnaire de l’écurie de Yoff, Malick Niang.

DOUBLE LESS EST UN INTER- NATIONAL, SES FILS DES «FORTUNES » LOCAUX

Les palmarès reluisants de Sa Thiès et Balla Gaye 2 réunis n’égalent pourtant pas celui de leur papa Double Less. « Double Less » s’est également illustré en lutte olympique avec l’équipe du Sénégal en participant aux JO de Montréal (1976), de Moscou (1980) et de Los Angeles (1984). Faisant une comparaison entre Double Less et ses fils, les spécialistes de la lutte en l’occurrence Max Mbargane et Ngagne Diagne ont été d’avis que le papa a amassé des trophées là où les fils ont surtout accumulé de l’argent. Un peu pour dire que Double Less est un International et ses fils « fortunés » locaux. Pour le chroniqueur et manager de l’écurie de lutte Lansar, Max Mbargane, la différence entre Double Less et sa progéniture réside dans le fait qu’il a été à plusieurs reprises Champion d’Afrique de lutte traditionnelle catégorie 120 Kg, 24 médailles au total. Il avait également plusieurs cordes à son arc, car il maîtrisait au-delà de la lutte avec frappe, la lutte traditionnelle, la lutte libre et la lutte grécoromaine. Ngagne Diagne de poursuivre soutenant que les jeunes d’aujourd’hui ne sont intéressés que par le sport business et qu’ils n’ont pas le temps de se bâtir une carrière internationale. « Double Less, avec un peu plus d’encadrement aurait été Champion du monde de Lutte olympique. Il a été aussi Champion du Sénégal de Boxe».

Les deux spécialistes partagent, en outre, l’idée selon laquelle, Balla Gaye et Sa Thiès ont bénéficié de la popularité de leur papa pour s’imposer et s’offrir une  certaine image auprès des amateurs et des fans.

SPECTACLE ET STYLE DE COMBAT

Sa Thiès, le cadet

Cependant, Max Mbargane soutient que du point de vue de l’intrépidité et de la fougue, les Sakho-fils » ressemblent à leur papa. Mais, ils diffèrent dans la manière de combattre, précise-til. Selon lui, les fils sont plus techniques que leur papa. Ngagne Diagne de marteler que les « Sakho-fils » sont plus pragmatiques dans la conduite de leurs combats. « Les jeunes n’hésitent pas à abréger leur combat dès que l’occasion se présente ou qu’ils voient une ouverture ».

Tout compte fait, Max Mbargane affirme que Balla Gaye et Sa Thiès ne pourront jamais égaler Double Less. « Plus de cent combats dans sa carrière. A son époque, en un an, les lutteurs pouvaient disputer dix combats. Alors qu’il arrive aujourd’hui que des lutteurs restent une année sans compétition ». Double Less avait une force de frappe extraordinaire. Il n’était pas un bagarreur. Il avait cependant tous les atouts d’un bon puncheur et savait très bien riposter. « Il lui suffisait d’un coup de poing pour mettre à terre ses adversaires qui privilégiaient la boxe. Mais il préférait plus utiliser des techniques de lutte simple pour terrasser ses adversaires », indique Max Mbargane. Du point de vue physique, Double Less était plus élancé, plus fort et plus costaud que ses fils. D’ailleurs, il travaillait à ses débuts comme videur dans une boîte de nuit dénommée « Diender » où l’orchestre ‘’Le Baobab’’ se produisait constamment à l’époque ». La lutte sénégalaise, ce n’est pas seulement du sport. On y trouve une forte dose de mysticisme et de culture à l’image des « Bakk », des scènes de chorégraphie et des accoutrements… Balla Gaye 2 et Sa Thiès savent assurer le spectacle. Ce sont de bons danseurs, mais ils n’égaleront pas leur papa sur ce point. Si l’on en croit à Ngagne Diagne, un combat de Double Less, c’était comme un carnaval. « Il ne prenait jamais un véhicule pour venir à l’arène que ce soit au Stade Demba Diop ou Iba Mar Diop. Après avoir mis son ‘’nguimb‘’ ou culotte, ses proches l’entouraient en battant des tam-tams. Sur un rythme endiablé, il dansait en marchant jusque dans l’arène. Ses enfants aujourd’hui prennent des véhicules 4°—4 et privilégient les danses modernes ». Il faut reconnaître cependant que ses fils ont assuré l’héritage. « C’est, grâce à eux que la lumière de leur papa a été ravivée, note Ngagne Diagne qui estime que ce sont les « Sakho-fils » qui ont ramené leur père au-devant de la scène. « A un moment donné, les gens avaient commencé à oublier

Mamadou Sakho Double Less. Balla Gaye 2 et Sa Thiès ont beaucoup de mérite. Ils ont réussi là ou beaucoup de fils de lutteurs ont échoué… », indique en définitive, l’animateur sportif de la bande Fm, Ngagne Diagne.

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